Poetry by Pierre Petiot


La forêt digitale

Tes yeux qui sont cèdres

repos arctique

Tes yeux qui balbutient des grammaires d'aurore

Basalte

aux cils graphiques

Ecume de pierre et d'encre





Souples comme la langue

Etendre nos corps infiniment

en laisser le cours se répandre

en rêves en analogies

en prophéties et en poussières

pour les reprendre fluides

toute gangues dissoutes

en unité

négligente de toute mesure





Buffle

Au coucher du soleil

assise sur le dos satiné et sombre d'un buffle d'eau,

tu vas

Tes yeux luisants de silence

ont des reflets violets

Tes seins doucement tanguent dans la splendeur dorée.

Près,

très près du réel aux rythmes indécis

boire la lumière à tes lèvres





Saufs

Calme lune sur la banquise rousse

fiers chevaux resquilleurs des abîmes

qui dérivent au vent comme des manteaux fêlés

des cristaux des évents des armures et des chants

chevaux alambics lents rides de l'étang rires

de l'au-delà vaisseaux

saufs vifs esquifs

Mots




Dés

La parole est bifide

A peine mon écrit s'envole

qu'au jour pourtant

le cabribois ricane

Les rois

comme aussi les reines

traitent d'égal à égal avec les fous

car le hasard n'est plus

que les dés terminèrent

Et que nul nerf ne nie qu'il neige au coeur des pierres




Les draperies de l'orgue

Tu es l'au delà de ma caresse

son réciproque dépassement

Je suis à l'affleurement de ton acte

ton rire

Mon esprit est à ta lisière

le dire de l'eau de ta pensée

et au revers de l'écritoire

je t'aime par ta fenêtre blanche